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Autres billets sur l'affaire d'Outreau
Les fausses allégations
Puisque personne n'a pu le faire de manière explicite lors du procès d'Outreau, en dehors du chantre1 de la remise en cause de la parole de l'enfant, je ferai un point sur les acquis de la psychologie à ce sujet. C'est d'autant plus important que le grand public a remis en question avec Outreau les données du bon sens et les acquis de sa propre expérience.
L'enfant qui feint d'avoir été victime est rapidement « repéré » par l'examen psychologique. Même s'il est sous l'emprise d'un parent (aliénation parentale), il ne peut reproduire dans son récit, ni projeter dans les tests les spécificités attendues chez l'enfant agressé sexuellement. L'analyse de crédibilité et les tests sont vierges de tout impact traumatique. Un enfant qui n'a pas vécu dans son corps un acte sexuel ne peut en porter les stigmates uniquement parce que sa mère lui aurait dit qu'il l'a vécu. Le suivi des enfants pour lesquels la mère a été soupçonnée d'induire de fausses allégations a permis de clarifier et corriger ce genre d'assertion.
Le thème des fausses allégations dans les procédures de divorce vient des Etats-Unis et du Canada et relève des conflits parentaux en lien avec les droits de garde. Il semblerait d'ailleurs que les statistiques auraient été falsifiées 2. Contrairement à ce qu'il se passe en France, ce thème stratégique a pris de l'importance dans ces pays-là uniquement parce que les parties pouvaient requérir leurs propres experts. En France, ces derniers étant nommés par le tribunal, ils travaillent en toute indépendance. Le résultat d'une recherche rigoureuse de l'université de Rouen et du ministère de la Justice en 2001 3 – sur 10 000 dossiers des juges aux affaires familiales – aboutit au résultat de 2 fausses allégations qui peuvent être considérées comme telles sur 1 000 cas, soit un pourcentage de 0,2, ce qui correspond aux observations pratiques de l'ensemble des experts. En revanche, la pression qu'un parent exerce sur un enfant pour qu'il ne révèle pas l'existence d'authentiques agressions sexuelles reste fréquente.
On sait que le temps « travaille » toujours pour l'agresseur et que l'enfant acquiert rapidement un sentiment d'irréalité et de doute, qui est un signe de refermeture psychique. Il est donc facile à ce stade d'imprimer chez l'enfant la suggestion de l'irréalité des événements qu'il a subis.
Dans l'affaire d'Outreau, les révélations des enfants Delay ont eu lieu alors que les enfants n'étaient plus au domicile parental, mais une année après leur placement en famille d'accueil, comme on le voit classiquement. L'enfant ayant retrouvé ses repères, il peut identifier les aberrations que sont les abus sexuels.
Les fausses allégations ne peuvent s'inscrire ni dans le corps ni dans le psychisme de l'enfant. Une confirmation de ces constats nous est donnée par la découverte des neurones miroirs. Cette découverte confirme, comme souvent, les acquis du bon sens. Il a été montré, grâce aux images données par l'IRM, que les zones concernées par une activation du mouvement corporel peuvent s'activer par mimétisme, si l'on regarde par exemple un spectacle sportif. Il faut pour cela que la personne ait « engrammé », par sa propre expérience, ces différents mouvements. En revanche, lorsque l'exercice est complexe et qu'il ne correspond à aucune expérience psycho-corporelle, l'on ne retrouve pas de zone d'activation. Les auteurs4 d'un ouvrage sur les neurones miroirs citent une boutade d'enfant à titre d'exemple : « Papa, tu sais pourquoi je ne veux pas être un chien ? Parce ce que je ne saurais pas comment remuer la queue » !
D'où la différence constatée par le psychologue entre les réactions décelées chez l'enfant qui a subi des viols et celui qui a regardé des vidéos pornographiques. Il m'arrive de plus en plus souvent de recevoir en cabinet libéral des enfants que les parents ont surpris alors qu'ils visionnaient une cassette pornographique ou des images de cet acabit sur Internet. Par ailleurs, il va de soi que l'innocente sexualité entre enfants, qui relève des jeux de découverte5, ne ressemble en rien aux relations entre adultes et enfants.
Puisque personne n'a pu le faire de manière explicite lors du procès d'Outreau, en dehors du chantre1 de la remise en cause de la parole de l'enfant, je ferai un point sur les acquis de la psychologie à ce sujet. C'est d'autant plus important que le grand public a remis en question avec Outreau les données du bon sens et les acquis de sa propre expérience.
L'enfant qui feint d'avoir été victime est rapidement « repéré » par l'examen psychologique. Même s'il est sous l'emprise d'un parent (aliénation parentale), il ne peut reproduire dans son récit, ni projeter dans les tests les spécificités attendues chez l'enfant agressé sexuellement. L'analyse de crédibilité et les tests sont vierges de tout impact traumatique. Un enfant qui n'a pas vécu dans son corps un acte sexuel ne peut en porter les stigmates uniquement parce que sa mère lui aurait dit qu'il l'a vécu. Le suivi des enfants pour lesquels la mère a été soupçonnée d'induire de fausses allégations a permis de clarifier et corriger ce genre d'assertion.
Le thème des fausses allégations dans les procédures de divorce vient des Etats-Unis et du Canada et relève des conflits parentaux en lien avec les droits de garde. Il semblerait d'ailleurs que les statistiques auraient été falsifiées 2. Contrairement à ce qu'il se passe en France, ce thème stratégique a pris de l'importance dans ces pays-là uniquement parce que les parties pouvaient requérir leurs propres experts. En France, ces derniers étant nommés par le tribunal, ils travaillent en toute indépendance. Le résultat d'une recherche rigoureuse de l'université de Rouen et du ministère de la Justice en 2001 3 – sur 10 000 dossiers des juges aux affaires familiales – aboutit au résultat de 2 fausses allégations qui peuvent être considérées comme telles sur 1 000 cas, soit un pourcentage de 0,2, ce qui correspond aux observations pratiques de l'ensemble des experts. En revanche, la pression qu'un parent exerce sur un enfant pour qu'il ne révèle pas l'existence d'authentiques agressions sexuelles reste fréquente.
On sait que le temps « travaille » toujours pour l'agresseur et que l'enfant acquiert rapidement un sentiment d'irréalité et de doute, qui est un signe de refermeture psychique. Il est donc facile à ce stade d'imprimer chez l'enfant la suggestion de l'irréalité des événements qu'il a subis.
Dans l'affaire d'Outreau, les révélations des enfants Delay ont eu lieu alors que les enfants n'étaient plus au domicile parental, mais une année après leur placement en famille d'accueil, comme on le voit classiquement. L'enfant ayant retrouvé ses repères, il peut identifier les aberrations que sont les abus sexuels.
Les fausses allégations ne peuvent s'inscrire ni dans le corps ni dans le psychisme de l'enfant. Une confirmation de ces constats nous est donnée par la découverte des neurones miroirs. Cette découverte confirme, comme souvent, les acquis du bon sens. Il a été montré, grâce aux images données par l'IRM, que les zones concernées par une activation du mouvement corporel peuvent s'activer par mimétisme, si l'on regarde par exemple un spectacle sportif. Il faut pour cela que la personne ait « engrammé », par sa propre expérience, ces différents mouvements. En revanche, lorsque l'exercice est complexe et qu'il ne correspond à aucune expérience psycho-corporelle, l'on ne retrouve pas de zone d'activation. Les auteurs4 d'un ouvrage sur les neurones miroirs citent une boutade d'enfant à titre d'exemple : « Papa, tu sais pourquoi je ne veux pas être un chien ? Parce ce que je ne saurais pas comment remuer la queue » !
D'où la différence constatée par le psychologue entre les réactions décelées chez l'enfant qui a subi des viols et celui qui a regardé des vidéos pornographiques. Il m'arrive de plus en plus souvent de recevoir en cabinet libéral des enfants que les parents ont surpris alors qu'ils visionnaient une cassette pornographique ou des images de cet acabit sur Internet. Par ailleurs, il va de soi que l'innocente sexualité entre enfants, qui relève des jeux de découverte5, ne ressemble en rien aux relations entre adultes et enfants.
1. Le Dr Paul Bensoussan à l'invitation de la défense, voir p. 98.
Une nouvelle stratégie émerge aussitôt : la référence à un expert, le Dr Paul Bensoussan, qui est venu à la demande de la défense pour parler bien sûr des fausses allégations. Pourtant ce psychiatre n'est pas, à ma connaissance, pédopsychiatre, et encore moins praticien de thérapies d'enfants victimes d'agressions sexuelles, qui permettent de connaître réellement l'évolution dans le temps de ce type de traumatisme.
Je précise aussi qu'il n'a pas expertisé les enfants d'Outreau, et qu'il n'est pas psychologue. Il ne dispose donc pas des outils d'analyse intra-psychique qui complètent et parfois interrogent sur la clinique quand un enfant « a l'air d'aller bien ». En effet, la souffrance, voire la déstructuration, ne peut être objectivée que dans les tests projectifs, les repères comparatifs étant toujours donnés par les victimes avérées. Ce psychiatre zélé ne s'est pas contenté de témoigner au procès, mais a continué de dévaloriser le travail des psychologues sur les ondes de France Inter lors du premier procès. Ce fut sur celles de France Info que l'on put l'entendre lors du second procès et précisément le 3 novembre 2005. Il a expliqué en substance qu'il avait souvent mis en garde les psychologues qui oublient « qu'un enfant est influençable et qu'il confond réel et imaginaire », signant ainsi le discrédit d'une profession.
2. Une étude canadienne récente très rigoureuse évoque le chiffre de 4%, contre 50% il y a une dizaine d'années, des chiffres présentés alors par des associations pour le droit des pères.
3. Ministère de la Justice /Laboratoire PRIS, université de Rouen, directeur de recherche : professeur Jean-Luc Viaux.
4. Giacomo Rizzolatti et Corrado Sinigaglia, Les Neurones miroirs, traduit de l'italien par Marilène Raiola, Paris, Odile Jacob, 2008.
5. Lire à ce sujet : Pr Jean-Yves Hayez, La Sexualité des enfants, Paris, Odile Jacob, 2004.
___________________Une nouvelle stratégie émerge aussitôt : la référence à un expert, le Dr Paul Bensoussan, qui est venu à la demande de la défense pour parler bien sûr des fausses allégations. Pourtant ce psychiatre n'est pas, à ma connaissance, pédopsychiatre, et encore moins praticien de thérapies d'enfants victimes d'agressions sexuelles, qui permettent de connaître réellement l'évolution dans le temps de ce type de traumatisme.
Je précise aussi qu'il n'a pas expertisé les enfants d'Outreau, et qu'il n'est pas psychologue. Il ne dispose donc pas des outils d'analyse intra-psychique qui complètent et parfois interrogent sur la clinique quand un enfant « a l'air d'aller bien ». En effet, la souffrance, voire la déstructuration, ne peut être objectivée que dans les tests projectifs, les repères comparatifs étant toujours donnés par les victimes avérées. Ce psychiatre zélé ne s'est pas contenté de témoigner au procès, mais a continué de dévaloriser le travail des psychologues sur les ondes de France Inter lors du premier procès. Ce fut sur celles de France Info que l'on put l'entendre lors du second procès et précisément le 3 novembre 2005. Il a expliqué en substance qu'il avait souvent mis en garde les psychologues qui oublient « qu'un enfant est influençable et qu'il confond réel et imaginaire », signant ainsi le discrédit d'une profession.
2. Une étude canadienne récente très rigoureuse évoque le chiffre de 4%, contre 50% il y a une dizaine d'années, des chiffres présentés alors par des associations pour le droit des pères.
3. Ministère de la Justice /Laboratoire PRIS, université de Rouen, directeur de recherche : professeur Jean-Luc Viaux.
4. Giacomo Rizzolatti et Corrado Sinigaglia, Les Neurones miroirs, traduit de l'italien par Marilène Raiola, Paris, Odile Jacob, 2008.
5. Lire à ce sujet : Pr Jean-Yves Hayez, La Sexualité des enfants, Paris, Odile Jacob, 2004.
1/ Outreau - La vérité abusée
2/ Outreau, la vérité abusée. 12 enfants reconnus victimes
3/ Outreau : Les lettres de Kevin Delay au juge Burgaud
4/ 24 février 2011 – La parole de l'enfant après la mystification d'Outreau
5/ Outreau : la télédépendance de l'opinion – « télécratie 4 » – « procès- téléréalité »
6/ Des troubles du comportement
7/ Saint-Omer - juin 2004 : Les enfants présumés victimes sont placés dans le box des accusés !
8/ Saint-Omer – Selon M. Monier, une telle configuration des lieux a eu un effet négatif sur le procès, personne n'étant à sa place
9/ Saint-Omer – Mercredi 2 juin 2004 – Le procès bascule le jour des rétractations provisoires de Myriam Badaoui
10/ La victime envahie par le souvenir traumatique ne marque aucune pause « pour réfléchir »
12/ Militantisme association
13/ Les points de défaillance au procès de Saint-Omer
14/ Florence Aubenas : le danger de la victime résiliente mêlée à toutes les causes15/ Un éclairage sur les rétractations et les contaminations
16/ Outreau : presse & justice – Florence Aubenas : je consulte le dossier d'instruction
17/ À propos des aveux de l'un des accusés acquittés d'Outreau
18/ Il s'avère que c'est l'ingestion d'un médicament – l'amobarbital –, qui peut induire sous hypnose la construction des faux souvenirs, et non pas l'hypnose seule
Autres billets sur les fausses allégations ou faux souvenirs
Contre les fausses allégations : Ma vie en pièces détachées par Maritée préface de Muriel Salmona
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