Écrit par Isabelle Germain
Mercredi, 25 Mai 2011
Le monopole de la parole
Les hommes qui s’expriment dans les médias en France n’ont pas l’habitude d’être remis en question. Ils éditorialisent, débattent, s’invectivent entre eux et avec les hommes politiques. S’ils vous disent qu’un viol ce n’est pas grave, que la drague appuyée c’est rigolo et que le harcèlement sexuel, franchement, on ne va pas en faire tout un plat… ils n’ont pas l’habitude d’être contredits. Monopolisant la parole dans les médias, ils disent aux femmes ce qu’elles doivent penser.
Seulement voilà, la caste de dirigeants mâles n’a plus le monopole de la parole publique. Ils se font mordiller le mollet par les blogueurs et prennent en pleine face les assauts de la presse étrangère et ne savent plus comment réagir.
Sur le plateau de France 2 qui avait bouleversé ses programmes jeudi 19 mai pour suivre les événements à New-York, ils sont une poignée de grands éditorialistes. On sent l’affolement, ils hurlent plus qu’à l’accoutumée et entonnent des couplets de vertu contre l’avocat Robert Badinter qui a ouvertement pris le parti de défendre son ami Dominique Strauss-Kahn et, logiquement, parle plus de lui que de la plaignante.
Changer de métier
Sur le plateau, deux femmes auront la parole un peu plus de 30 secondes chacune. Une journaliste anglaise du Guardian et la directrice de la rédaction de France Inter, Hélène Jouan.
Dans le faible temps de parole qui leur est imparti, elles auront à peine le temps de répondre à la seule question qui leur est posée : Et vous ? Avez-vous eu à subir des avances ?
Remarquons au passage que, comme à l’accoutumée, on demande aux hommes de s’exprimer en tant qu’experts et aux femmes en tant que victimes, mais pour une fois ça a du sens.
Hélène Jouan se lance. Elle aura le temps de dire deux choses indispensables : elle-même a failli renoncer au métier de journaliste tant elle en avait assez de subir les assauts de certains hommes. Et « les hommes de pouvoir ont des comportements... difficiles à dénoncer ».
Donc oui ça existe.
Partout où il y a des hommes de pouvoir, en politique, dans les entreprises ou dans les médias, le phénomène existe et la loi du silence s’impose. Déposer une plainte, est très risqué : la femme peut être mise en quarantaine puis perdre son job et son honneur parce que, bien sûr, elle sera traitée d’affabulatrice… En France, les femmes savent qu’elles ont plus à perdre en faisant un procès qu’en subissant. Même celle qui occupe aujourd’hui un poste très important à la rédaction de France inter a envisagé de renoncer à son métier.
L’affaire DSK va-t-elle contribuer à briser la loi du silence ou au contraire la renforcer ? Entre les fausses accusations de harcèlement et de viol qui pourraient sortir, les difficultés à prouver les histoires vraies, et la notion de vie privée très extensible chez les journalistes français… Difficile à dire.
Pour lire le début du billet, cliquez sur le logo des Nouvelles news
Mercredi, 25 Mai 2011
Le monopole de la parole
Les hommes qui s’expriment dans les médias en France n’ont pas l’habitude d’être remis en question. Ils éditorialisent, débattent, s’invectivent entre eux et avec les hommes politiques. S’ils vous disent qu’un viol ce n’est pas grave, que la drague appuyée c’est rigolo et que le harcèlement sexuel, franchement, on ne va pas en faire tout un plat… ils n’ont pas l’habitude d’être contredits. Monopolisant la parole dans les médias, ils disent aux femmes ce qu’elles doivent penser.
Seulement voilà, la caste de dirigeants mâles n’a plus le monopole de la parole publique. Ils se font mordiller le mollet par les blogueurs et prennent en pleine face les assauts de la presse étrangère et ne savent plus comment réagir.
Sur le plateau de France 2 qui avait bouleversé ses programmes jeudi 19 mai pour suivre les événements à New-York, ils sont une poignée de grands éditorialistes. On sent l’affolement, ils hurlent plus qu’à l’accoutumée et entonnent des couplets de vertu contre l’avocat Robert Badinter qui a ouvertement pris le parti de défendre son ami Dominique Strauss-Kahn et, logiquement, parle plus de lui que de la plaignante.
Changer de métier
Sur le plateau, deux femmes auront la parole un peu plus de 30 secondes chacune. Une journaliste anglaise du Guardian et la directrice de la rédaction de France Inter, Hélène Jouan.
Dans le faible temps de parole qui leur est imparti, elles auront à peine le temps de répondre à la seule question qui leur est posée : Et vous ? Avez-vous eu à subir des avances ?
Remarquons au passage que, comme à l’accoutumée, on demande aux hommes de s’exprimer en tant qu’experts et aux femmes en tant que victimes, mais pour une fois ça a du sens.
Hélène Jouan se lance. Elle aura le temps de dire deux choses indispensables : elle-même a failli renoncer au métier de journaliste tant elle en avait assez de subir les assauts de certains hommes. Et « les hommes de pouvoir ont des comportements... difficiles à dénoncer ».
Donc oui ça existe.
Partout où il y a des hommes de pouvoir, en politique, dans les entreprises ou dans les médias, le phénomène existe et la loi du silence s’impose. Déposer une plainte, est très risqué : la femme peut être mise en quarantaine puis perdre son job et son honneur parce que, bien sûr, elle sera traitée d’affabulatrice… En France, les femmes savent qu’elles ont plus à perdre en faisant un procès qu’en subissant. Même celle qui occupe aujourd’hui un poste très important à la rédaction de France inter a envisagé de renoncer à son métier.
L’affaire DSK va-t-elle contribuer à briser la loi du silence ou au contraire la renforcer ? Entre les fausses accusations de harcèlement et de viol qui pourraient sortir, les difficultés à prouver les histoires vraies, et la notion de vie privée très extensible chez les journalistes français… Difficile à dire.
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