« Si un individu s’expose avec sincérité, tout le monde, plus ou moins, se trouve mis en jeu. Impossible de faire la lumière sur sa vie sans éclairer, ici ou là, celles des autres »
Simone de Beauvoir – La force de l’âge
« L’information est le seul bien qu’on puisse donner à quelqu’un sans s'en déposséder. »
Thomas Jefferson,
l’un des rédacteurs de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis,

De l'esprit des lois (1748)

Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
Charles de Secondat, baron de Montesquieu

Qui est l'Auteure obligatoirement anonyme ?

Livre : Viols par inceste
 Editions Eulina Carvalho
1993
En tant qu’Auteure obligatoirement anonyme qui a dénoncé, dès 1989, les viols par inceste que j’ai subis, je veux ici réfléchir sur les conséquences du viol sur ma personnalité et la manière de gérer ma vie.
Il ne s’agit pas seulement des conséquences décrites dans les livres de professionnels qui prétendent nous avoir étudiés sur toutes les coutures, il s’agit aussi de celles dont nous ne parlons pas et qui sont toujours-là et font partie de nous vingt trente ou cinquante ans plus tard.

J'avancerai avec la prétention qu'une démarche intellectuelle me semble fondamentale pour sortir de viols par inceste, pour construire sa vie propre, sa personnalité et non plus garder celle que nous ont attribuée nos pères. Le choc fut long, pétrifiant, trop grand pour moi. L'élan sera celui d'une folie de vouloir tout dire. Il sera l'expression d'un rire envers la liberté à conquérir. J'ai trop pleuré de désespoir pour n'avoir pas appris, maintenant, que le rire est une façon plus courtoise de faire passer une angoisse qui ne doit pas importuner mon entourage au risque de le perdre.

Je récuse le terme d’anonymat en y accolant obligatoirement. Ce terme qui me fut imposé à la parution de ce premier livre et qui dès ce moment a été mon image de marque.  Il est le symbole d'une société encore incapable de prendre une quelconque responsabilité à l'égard des victimes que l'on préfère lire sous anonymat. Comme l'écrit Maitre Eolas : "Ce nom est un pseudonyme, un nom de plume, et bien d’autres personnes plus talentueuses que moi ont écrit des œuvres bien plus intéressantes que les miennes sous pseudonyme : Montesquieu, Rabelais, Amantine Dupin, mais en aucun cas mes billets ne sont anonymes : ils sont signés, et j’en assume le contenu, erreurs comprises. Je préfère donc parler de pseudonymat."

Pourquoi Auteure obligatoirement anonyme est obligatoirement anonyme par Sophie Perrin

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Sur le blog, j'ai repris le mémoire :
Rimbaud – "Je est un autre" : L'interdit de l'inceste chez Christine Angot
Université du Québec à Montréal
"Je est un autre" : L'interdit de l'inceste chez Christine Angot
Mémoire présenté par Alexis Nivet
Octobre 2007
Page 20
Dans Viols par inceste par exemple, l'auteure inscrit clairement son témoignage dans une perspective féministe, et désigne le patriarcat comme la source de l'inceste lui-même et de la difficulté d'en parler en public.
 

http://viols-par-inceste.blogspot.com/2009/12/la-conspiration-des-oreilles-bouchees.html
La vidéo a été doublée en anglais par Delphine Seyrig avec qui les discussions furent fructueuses

Emission "Médiations" – TF1

Emission Médiations
27 mars 1989








Nathalie – Claudine – Emmanuelle
• Préparation de l'émission – extrait du tapuscrit : Interdits ordinaires. 
• Emission Médiations du 27 mars 1989 – extrait du tapuscrit : Interdits ordinaires
• Une émission sur les abus sexuels par Richard Michel : "Médiations" le 27 mars 1989












Université Paris Descartes
Laboratoire d’éthique médicale
et médecine légale
Directeur : Professeur Christian Hervé
Diplôme universitaire de victimologie
Emmanuelle Cesari N° 21012896
2010/2011
Directrices de mémoire : Dr. Marianne Leroy
Dr. Catherine Lestang
Soutenance lundi 10 octobre 2011
Membres du Jury : Pr. Louis Jehel, Dr Gérard Lopez, Maître Anne Bachellerie, Annick Ponseti
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6 commentaires:

  1. bravo à toi d'avoir pu parler de cela et visiblement si j'ai bien compris publiquement !

    il arrive que lorsqu'on parle on se fait ramasser une deuxième fois .............

    à regretter d'avoir osé parler ........

    et finalement ..de s'apercevoir que parler ou pas parler aboutit ..à un silence mortel et une non reconnaissance A VIE ..

    Bien cher payé ....d'avoir osé parler ....

    Quant aux conséquences ........

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  2. Non, je me défends du "Bravo à toi d'avoir pu parler de cela et visiblement publiquement."
    Pas bravo pour moi, bravo pour l'association et les écoutantes qui ont cru mon histoire. Et d'ailleurs, je ne leur en ai pas dit long. On me l'a un peu reproché, c'est pourquoi j'ai écrit plus tard, le livre de l'auteure obligatoirement anonyme.
    Le plus dur, et le bravo est là, c'est l'après, c'est d'être encore en vie, comme toi.
    L'après, c'est l'homme de ma vie (le Georg des Interdits ordinaires) le compagnon qui était là à l'émission Médiations et qui s'est avéré être un pervers narcissique et qui m'a plaquée ou que j'ai largué par mesure de protection et par peur de l'abandon.
    Le plus dur, ce sont ces dix années suivantes pendant lesquelles j'ai regretté d'avoir parlé alors que je balançais sans cesse entre suicide et survie.
    Et puis, il y a eu le cancer, le détonateur. La prise en charge thérapeutique. Et oui, il a fallu en arriver là, trouver un autre subterfuge pour que l'on m'aide.
    Je me débarrasse peu à peu de l'emprise et je pense que c'est le plus dur.
    Tape encore aux portes des professionnels, ils ont plus de sous, mais ils peuvent entendre.
    Et puis, tu sais écrire, je vois, alors écris, écris.

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  3. Sophie Perrin n'est pas d'accord pour que son post soit rendu public.
    Merci de le retirer de ce site.

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  4. Il existe 3 sortes de victimes :
    1/ Les victimes qui reproduisent d'une manière ou d'une autre ce qu'elles ont vécu (venir poster des insultes ou des ordres sur ce blog est une manière de reproduire) ;
    2/ Les victimes qui en font leur fonds de commerce (par une association qui exploite les victimes, par exemple) ;
    3/ Les victimes qui tentent de ne plus se faire avoir et qui essayent de comprendre.
    Toute aide est vouée à l’échec si :
    – la victime n’est pas ou peu investie dans le processus thérapeutique ;
    – elle semble vouloir rester dans la victimisation ;
    – son entourage renforce ses évitements et agit à sa place ;
    – c’est son moyen à elle d’être reconnue.

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  5. ma fille a subi un inceste petite et en a parlé cinq ans aprés ...le violeur vient d etre condamné a onze ans de prison et cinquante mille euros de dommages et interets ( il a tout avoué )..cela a été une délivrance pour ma fille (il est resté deux ans et demi en liberté,malgrés ses aveux, en attendant le procés,malgrés le risque de récidive , belle justice !!! )...

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  6. En aucune manière je ne participerai au bureau des pleures. Il y a 30 ans personne n'était condamné pour viols par inceste et surtout pas à 11 ans – il était impensable qu'ils avouent – alors pour moi c'est une belle victoire et une avancée certaine qui nous donne espoir. Bon courage pour votre fille. La restauration sera longue et elle a besoin de sa mère dans la sérénité.

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