GrandCopain a voulu raccrocher, se vider l’esprit, pour le restant de la journée.
Je voulais bouger, moi aussi. Je me suis habillé pour sortir sous la pluie. Je suis allé faire les courses nécessaires du week-end. J’étais d’abord assez fier de moi, de mon aplomb, même s’il pouvait sembler formel, impérieux même.
Puis, au retour, je me suis mis à pleurer, malgré moi, sur la rue, gêné, pressant le pas; je me suis tellement astreint contenir ma peine que je m’en suis fait mal à la gorge, tant j’ai serré puissamment les muscles de mon cou.
Je me disais : « J’ai tout inventé. Je suis un salaud. C’est moi le vicieux, qui parfois regarde de la porno, et qui ne pense qu’au sexe, comme si c’était la seule chose importante dans la vie, la seule qui justifiait de vivre pour vrai et de persister à vivre. » Je me suis rappelé avoir dit ça, dans ces mots-là, et souvent, à Thomas. Il savait de quoi je parlais. Des victimes d’agressions sexuelles, des deux sexes, il en a connues tout au long de sa vie professionnelle. Il sait la surexcitation sexuelle qui les imprègne, et qui parfois déborde dans des fantasmes solitaires à répétition, ou dans la trépidation des salles de jeu — argent et sexe, c’est étroitement lié, tout le monde sait ça.
Pour lire la suite de l'article, cliquez sur le logo de Chroniques amnésiquesJe voulais bouger, moi aussi. Je me suis habillé pour sortir sous la pluie. Je suis allé faire les courses nécessaires du week-end. J’étais d’abord assez fier de moi, de mon aplomb, même s’il pouvait sembler formel, impérieux même.
Puis, au retour, je me suis mis à pleurer, malgré moi, sur la rue, gêné, pressant le pas; je me suis tellement astreint contenir ma peine que je m’en suis fait mal à la gorge, tant j’ai serré puissamment les muscles de mon cou.
Je me disais : « J’ai tout inventé. Je suis un salaud. C’est moi le vicieux, qui parfois regarde de la porno, et qui ne pense qu’au sexe, comme si c’était la seule chose importante dans la vie, la seule qui justifiait de vivre pour vrai et de persister à vivre. » Je me suis rappelé avoir dit ça, dans ces mots-là, et souvent, à Thomas. Il savait de quoi je parlais. Des victimes d’agressions sexuelles, des deux sexes, il en a connues tout au long de sa vie professionnelle. Il sait la surexcitation sexuelle qui les imprègne, et qui parfois déborde dans des fantasmes solitaires à répétition, ou dans la trépidation des salles de jeu — argent et sexe, c’est étroitement lié, tout le monde sait ça.
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