Outreau : Franck Lavier attaqué par l'intermédiaire de Facebook qui accuse Chérif Badaoui

dimanche 05.06.2011
Franck Lavier dépose plainte pour menace de mort mais n'arrive pas à en vouloir à Chérif Delay
C'était mercredi dernier, en milieu de journée. Franck Lavier, l'un des acquittés de l'affaire d'Outreau, s'installe devant sa page Facebook et... surprise : il y a un message signé « Chérif Badaoui ».
La photo censée identifier l'auteur est celle de la couverture du livre de Chérif Delay, récemment paru aux éditions du Cherche midi, Je suis debout. Badaoui est le nom de sa mère.
Pour Lavier, cela ne peut être que lui.
« Ferme bien la porte... »
Les quelques lignes du message sont agressives. Menaçantes. Surprenantes, pour tout dire : « Il ne m'a jamais accusé, je ne comprends pas. » Franck Lavier et son épouse Sandrine n'ont pas été mis en examen ni renvoyés devant la cour d'assises pour avoir agressé ou violé l'aîné des fils de Myriam Badaoui.
Alors, si c'est bien lui qui se cache derrière ces mots-là, que cherche-t-il ?
D'après l'écran, il a écrit à 2 h 14 du matin. Derrière l'insulte, la menace pointe déjà : « Ferme bien la porte de chez toi, car je te prépare une petite surprise... » Il est 13 heures. « Je ne savais pas quoi répondre », dit Franck Lavier, manifestement abasourdi. « J'ai écrit "hihi", pour montrer que je m'en moquais... »
Mais il déclenche alors une série d'autres messages, tombant en rafales, en dix minutes. De nouveau agressifs, d'abord. Jusqu'à une vraie menace de mort : « C'est moi-même qui te tuerai de mes propres mains... » L'écriture phonétique n'enlève rien à la clarté du message. Il est plein de rage. Puis soudain, le ton s'adoucit, comme si l'auteur était à bout, comme s'il cherchait une main à laquelle s'accrocher : « Franck, je dois te parler. Je ne me sens pas bien... »
Et toujours sur le mode phonétique, on croit comprendre qu'il en veut à d'autres innocents de cette affaire : « Dis-moi pourquoi des acquittés m'ont tué de l'intérieur... »
Constat d'huissier
Les deux hommes ne se connaissent pas. Ou si peu. Mais Franck Lavier prend la chose au sérieux et en parle à son épouse : « Je ne suis pas seul, j'ai une famille. Si ça me touche, ça touche aussi ma famille. » Il contacte Frank Berton, son avocat, qui fait réaliser un constat d'huissier captant les messages sur l'écran de Facebook et lui conseille de déposer plainte. Ce qu'il a fait hier matin. « Mais je fais plus cela pour me protéger qu'autre chose. Je ne lui en veux pas. On ne peut pas lui en vouloir. Il doit être démoli, et ça je le comprends. Quand je vois comme on en bave, nous, pour essayer de bricoler une nouvelle vie, alors que nous avons la chance d'être en famille... » Les derniers messages sont insistants : « Parle avec moi... »
Mais Lavier veut surtout se concentrer sur sa famille.
Au commissariat, on lui a dit que Chérif Delay serait rapidement convoqué.
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J’ai envie de lui dire ce que je ne lui ai pas dit lorsque je l’ai rencontré, par pudeur et parce que je sais que la suite sera toujours plus dure et que ça ne s’arrange pas au fil du temps :
J’ai envie de lui dire qu’il n’est pas seul, pas dans le sens où on va l’aider, mais parce qu’il a pris la responsabilité que nous partageons de prendre la parole au nom des victimes.
La seule chose qu’il ait écrite sur la page de garde du livre qu’il m’a dédicacé : “ensemble brisons le silence, cherif”.
Ce silence je l’ai aussi brisé en 1989, les conséquences ont été très lourdes : perte de l’homme de ma vie, du travail de ma vie, une extrême solitude, et la déprime au quotidien, mais jamais, jamais je ne me permettrais de me désolidariser des “victimes”, même pour me suicider. Je leur dois la vie.
Chérif tu es un adulte maintenant, tu as pris une lourde responsabilité, tu n’as plus le droit de faire des gamineries. Lis donc les commentaires sur ton livre que mettent tes lecteurs sur mon blog.
« Franck, je dois te parler. Je ne me sens pas bien... »
« Dis-moi pourquoi des acquittés m'ont tué de l'intérieur... »
Si tu veux parler, j’ai proposé de te faire partager mon blog, on est toute une communauté, on sait on peut t’entendre, t’en vas pas demander de t’écouter à des gens qui t’ont “tué de l’intérieur”. Ils te tueront toujours. Je sais que c’est toujours notre tentation. On a besoin d’eux et bien tu iras mieux lorsque tu auras couper ces liens.
Je sais que c’est dur : je suis toujours malade quand mon père est malade, c’est insupportable, mais c’est ainsi, fais l’effort de ne plus leur demander pourquoi ? Ils n’en savent rien. Tu tends la joue pour qu’ils te détruisent encore plus. Prends soin de toi et de nous et on prendra soin de nous avec toi.
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Autres billets sur l'intervention sur Facebook du mercredi 1er juin 2011, pour comprendre ce qui s'est passé
10/ Outreau : Chérif Delay avoue les menaces de mort contre Franck Lavier et écope d’un rappel à la loi par Jacques Thomet
• Menaces de mort à Outreau ? : tenez bon Chérif Delay-Badaoui, vous êtes debout ! par Marie-Christine Gryson-Dejehansart
• 6/ J'adressais des messages confus que j'imaginais 
suffisamment clairs par Chérif Delay dans Je suis debout
Outreau – Plus que de poursuites, Chérif Delay a besoin de soutien par Jacques Cuvillier
• 14 mai 2011 à 19:35 sur FR3 – Chérif Delay agressé par Laurent Lavier lors d'une signature de son livre "Je suis debout"

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2 mars 2011 – Deux acquittés d'Outreau en garde à vue
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