« Si un individu s’expose avec sincérité, tout le monde, plus ou moins, se trouve mis en jeu. Impossible de faire la lumière sur sa vie sans éclairer, ici ou là, celles des autres »
Simone de Beauvoir – La force de l’âge
« L’information est le seul bien qu’on puisse donner à quelqu’un sans s'en déposséder. »
Thomas Jefferson,
l’un des rédacteurs de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis,

De l'esprit des lois (1748)

Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
Charles de Secondat, baron de Montesquieu

18 juillet 2010

Roman Polanski et la Justice avec un grand “J” par Jean-Pierre Rosenczveig

13 juillet 2010
La Suisse a donc refusé l’extradition du cinéaste aux USA quand la justice californienne le poursuit depuis 1977 pour des relations sexuelles imposées à une adolescente âgée alors d’à peine 13 ans. On sait que Roman Polanski a fui les USA en 1978 après avoir supporté quelques 42 jours de détention provisoire au cours de laquelle une expertise psychiatrique devait être pratiquée.

Il craignait que le juge ne revienne sur l’accord passé avec lui qui voulait qu’au final la peine couvre cette détention provisoire, ni plus, ni moins, quand la loi à l’époque prévoyait 50 ans d’emprisonnement pour les chefs initiaux de prévention (viol, sodomie, perversion, usage de drogues, etc.).

Le prévenu avait de quoi être inquiet tant il est vrai que le juge de l’époque – Laurence Rittenband –, ne cachait pas son intention de ”se faire” une célébrité. Sans compter la cabale anti-Polanski qui sévissait à l’époque aux USA !

Les magistrats californiens ont toujours refusé de juger Roman Polanski hors sa présence, et encore récemment. Ils en ont fait une question de principe. Ils ne veulent pas que la justice puisse être bafouée et que profitant de son aisance tel accusé puisse s’enfuir et être jugé sans se rendre devant les juges pour ensuite apprécier l’attitude à tenir.

Le juge d’alors est aujourd’hui décédé, mais surtout la peine encourue au regard des chefs d’accusation maintenus – on ne parle plus aujourd’hui que de relations sur mineure de 15 ans en oubliant les circonstances aggravantes – est tombée à deux ans d’emprisonnement. Pourtant, en connaissance de cause, Roman Polanski s’est toujours refusé à se rendre en Californie devant ses juges ; les nouveaux magistrats n’ont jamais abdiqué malgré le souhait de la victime de voir les poursuites cesser : elle a été indemnisée et surtout elle entend tourner la page.

A juste titre, les magistrats d’Outre Atlantique lui répondent qu’ici comme ailleurs la poursuite publique ne lui appartient pas. La victime peut veiller à l’enclencher si le parquet ne la juge pas opportune ; à l’inverse, si le parquet l’engage, la seule issue est le jugement : il s’agit de protéger la société (et donc de futures victimes) contre de tels actes, pas la victime passée qui elle dispose de la voie civile.

Il n’est pas inutile de rappeler cette donnée quand tant de grandes consciences prenant le parti du « génie » du cinéma trouvaient argument dans le fait que la victime réitère son souci de ne pas voir les poursuites prospérer.

Interpellé lors d’un en ième déplacement en Suisse, incarcéré près de 68 jours dans un lieu tenu secret, puis assigné à résidence à Gstaad à son domicile avec port d’un bracelet électronique pendant un peu plus de 7 mois, Roman Polanski semblait donc voué à l’extradition eu égard à l’accord existant entre la Suisse et les USA. Même Georges Kiejman, l’un de ses avocats, n’en revient pas d’avoir obtenu un refus d’extradition : « (Je suis) « heureusement surpris car la décision pouvait aller dans un sens ou dans un autre » (Le Monde 14 juillet 2010). Comment expliquer cette décision ”surprenante”?

Non pas par des arguments de fond du style Roman Polanski est innocent ou les faits sont trop anciens comme l’avancent un peu vite certains de ses défenseurs médiatiques zélés. L’argument est apparemment de procédure, mais comme souvent la procédure camoufle d’autres choses. Les autorités américaines n’auraient pas transmis aux Suisses le procès-verbal d’une audition en 1977 par le procureur Roger Guson qui s’engageait à ce que les 42 jours de détention provisoire seraient une peine butoir conformément à l’accord passé avec le juge Laurence Rittenband le 19 septembre 1977.

En d’autres termes, ne pouvant vérifier la réalité de l’accord passé, les autorités suisses estime que la procédure « souffre d’un vice grave » et doit donc « être rejetée ». Implicitement elle en déduit quand même que Roman Polanski dit la vérité sur cet accord et a bien eu raison de fuir.

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