« Si un individu s’expose avec sincérité, tout le monde, plus ou moins, se trouve mis en jeu. Impossible de faire la lumière sur sa vie sans éclairer, ici ou là, celles des autres »
Simone de Beauvoir – La force de l’âge
« L’information est le seul bien qu’on puisse donner à quelqu’un sans s'en déposséder. »
Thomas Jefferson,
l’un des rédacteurs de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis,

De l'esprit des lois (1748)

Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
Charles de Secondat, baron de Montesquieu

16 septembre 2005

16/ L'autonomisation par Questions d'inceste

Page 162

L'objectif d'autonomiser l'enfant pour l'amener à faire des choix responsables et éclairés est encore plus difficile à définir et à mettre en place. Il répond à une représentation humaniste de la responsabilité qui est outil et gage de la liberté. L'existentialisme est un humanisme, disait Sartre, et l'homme est condamné à la liberté. La transcription psychopathologique de ce concept philosophique, c'est l'accès à la différenciation et à la reconnaissance des limites qui tracent les contours de l'identité. Il n'y a pas de liberté sans intériorisation du principe de réalité de la séparation et de la différence. Entre le dedans et le dehors, ce n'est pas pareil, le soi et le non-soi, ce n'est pas la même chose. L'autonomisation, c'est se défaire de l'emprise non seulement de l'autre en tant que personne physique, mais aussi de tout ce qui est de l'ordre de l'idéalisation qui s'oppose au réel, qui le dissimule, le transforme, le travestit, par peur de l'abandon. c'est cette peur-là qui pousse l'homme au crime pour s'approprier ce qui fait son manque, qui le pousse au vol, au viol, à l'homicide. C'est la peur du manque, la peur d'être dépossédé, anéanti, de se retrouver tout nu comme un nourrisson privé de sa mère. Les crimes pathologiques, dictés par des hallucinations impérieuses, délirantes, sont les paradigmes de cette peur qui pousse à se défendre jusqu'à en perdre la raison dans le meurtre. Les malades assassins disent clairement qu'ils n'ont fait que se protéger pour survivre. L'autonomisation, c'est prendre la distance nécessaire pour ne plus avoir peur de son manque, c'est l'avoir reconnu, circonscrit, analysé et compris. La peur perd alors de sa force et de sa dangerosité. Pour les jeunes filles victimes d'inceste, l'autonomisation, c'est ne plus être l'otage du traumatisme.
__________
Autres billets sur le livre
Questions d'inceste
1/ Questions d'inceste de G. Raimbault, P. Ayoun, L. Messardier
2/ L'inceste séducteur, le père avec la fille
3/ La pianiste de Michael Haneke
4/ L’inceste avec violence, le viol incestueux
5/ Une conception réductrice de l'inceste
6/ La rupture du lien de filiation
7/ Les réactions au traumatisme
8/ La sidération et l'impossibilité de dire
9/ Ces mères qui n'ont pas réussi, ou pas voulu, ou pas su éviter l'inceste
10/ L'identité désorganisée des pères séducteurs
11/ Pourquoi les incestueurs en appellent-ils à l’insatisfaction conjugale ?
12/ L'interprétation du consentement par l’incestueur

13/ L'atteinte narcissique et la culpabilité pour la mère
14/ La valeur de la sanction pour l'agresseur et la victime
15/ La tragédie grecque et la littérature
17/ Le devenir des pères agresseurs en prison
18/ Le pardon
19/ Anaïs Nin, un inceste choisi
21/ La recherche de sens – La valeur de l'écrit
Rendez-vous sur Hellocoton !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire