« Si un individu s’expose avec sincérité, tout le monde, plus ou moins, se trouve mis en jeu. Impossible de faire la lumière sur sa vie sans éclairer, ici ou là, celles des autres »
Simone de Beauvoir – La force de l’âge
« L’information est le seul bien qu’on puisse donner à quelqu’un sans s'en déposséder. »
Thomas Jefferson,
l’un des rédacteurs de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis,

De l'esprit des lois (1748)

Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
Charles de Secondat, baron de Montesquieu

4 septembre 2005

4/ L’inceste avec violence, le viol incestueux dans Questions d’inceste

Page 39

Chaque cas est particulier et l'inceste entraîne toujours une perte de sens et une atteinte à l'identité en devenir de l'enfant, mais l'impact de la cruauté associée n'est pas univoque. Cette violence peut être à la fois un facteur d'aggravation comme un élément paradoxalement protecteur de l'enfant.

La barbarie et la brutalité peuvent entraîner une sidération du développement psychoaffectif de l'enfant et le river à un stade d'hébétude où l'identification à l'agresseur et au statut d'objet sexuel demeure la seule parade pour ne pas s'effondrer totalement.

Il est d'autres cas où la violence physique peut légitimer chez l'enfant des réactions de survie grâce à la haine et à l'éclosion des pulsions de mort et de vengeance contre le père clairement assimilé à un bourreau ennemi.

Les coups restent du domaine du représentable, de l'insupportable, mais du réel. Cet ancrage dans la réalité peut favoriser une plus grande distanciation par rapport à l'agresseur et réduire la culpabilité d'avoir participé à l'inceste qui englue l'enfant dans le secret de la perversion paternelle.

La haine du parent maltraitant est un rempart contre l'effondrement psychique permettant à l'enfant de se différencier de la folie du père. Pouvoir se représenter son géniteur comme fou permet sans doute plus d'autonomie pour s'en détacher, comme si la violence remettait un peu de sens là ou le parent a totalement perdu le sien. Les coups protégeraient de la folie comme un rempart de réalité à condition que l'enfant n'ait pas été tué avant.

____________________
Autres billets sur le livre Question d'inceste
1/ Questions d'inceste de G. Raimbault, P. Ayoun, L. Messardier
2/ L'inceste séducteur, le père avec la fille

3/ La pianiste de Michael Haneke

5/ Une conception réductrice de l'inceste

6/ La rupture du lien de filiation

7/ Les réactions au traumatisme

8/ La sidération et l'impossibilité de dire

9/ Ces mères qui n'ont pas réussi, ou pas voulu, ou pas su éviter l'inceste

10/ L'identité désorganisée des pères séducteurs
11/ Pourquoi les incestueurs en appellent-ils à l’insatisfaction conjugale ?

12/ L'interprétation du consentement par l’incestueur

13/ L'atteinte narcissique et la culpabilité pour la mère
14/ La valeur de la sanction pour l'agresseur et la victime

15/ La tragédie grecque et la littérature
16/ L'autonomisation
17/ Le devenir des pères agresseurs en prison

18/ Le pardon

19/ Anaïs Nin, un inceste choisi

20/ Deux sœurs dans les viols par inceste

21/ La recherche de sens – La valeur de l'écrit

Rendez-vous sur Hellocoton !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire