Le déni d'altérité est manifeste aussi dans ce qu'on peut appeler le « délire d'interprétation du consentement », avec la conviction absolue, inébranlable, sincère que la victime était consentante, qu'il n'y a pas eu de violence, qu'il n'y a eu que de l'amour et de la tendresse partagée… « Si elle avait protesté, je me serais arrêté immédiatement. » Il s'agit là d'une croyance pathologique qu'on retrouve de façon quasi permanente. Elle témoigne d'une incapacité structurelle à se représenter l'autre comme différent avec l'impossibilité d'intérioriser ce que la victime a pu ressentir de particulier et de propre à elle. L'hypothèse d'une terreur de l'enfant avec effroi et sidération empêchant toute réaction de défense est aussitôt rejetée et interprétée comme la confirmation de l'incommunicabilité de leurs sentiments.
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Autres billets sur le livre Questions d'inceste
1/ Questions d'inceste de G. Raimbault, P. Ayoun, L. Messardier
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3/ La pianiste de Michael Haneke
4/ L’inceste avec violence, le viol incestueux
5/ Une conception réductrice de l'inceste
6/ La rupture du lien de filiation
7/ Les réactions au traumatisme
8/ La sidération et l'impossibilité de dire
9/ Ces mères qui n'ont pas réussi, ou pas voulu, ou pas su éviter l'inceste
10/ L'identité désorganisée des pères séducteurs
11/ Pourquoi les incestueurs en appellent-ils à l’insatisfaction conjugale ?
13/ L'atteinte narcissique et la culpabilité pour la mère
14/ La valeur de la sanction pour l'agresseur et la victime
15/ La tragédie grecque et la littérature
16/ L'autonomisation
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