8 août 2011
Il y a un an, j’abordais le sujet tabou d’inceste dans les familles africaines. Une honte qu’on tait jusqu’à la tombe, quid les souffrances de la victime qui se sent emmurée dans sa tête et surtout dans sa honte.
Je veux rendre ici hommage à une de ces victimes africaines vivant au Canada qui a décidé l’an dernier de se libérer des chaînes imposées par « le clan » au nom de l’honneur familial.
Arborant fièrement la beauté de sa vingtaine, Mona (nom fictif) est plongée jusqu’au cou dans les préparatifs de son mariage. Son fiancé et elle étant tous les deux nés des parents africains hyper conservateurs, ils tiennent à traverser toutes les étapes des noces à l’africaine. À savoir en premier lieu le mariage coutumier (rencontre des deux familles en vue de la remise de la dot), vient ensuite le mariage civil (à la mairie) et enfin le mariage religieux.
Plus le jour J approche, plus notre Mona est talonnée par l’impérieux besoin de confier à son fiancé le lourd secret qu’elle traîne depuis très longtemps. Idée de commencer sa nouvelle vie débarrassée de squelettes de son sombre placard. Ça lui pend de plus en plus sur le bout de la langue. Je lui raconte, ou je me la ferme ? Craignant la réaction de son amoureux, elle ravale. Mona opte pour la souffrance en silence. Une fois de plus...
Jusqu’à ce jour où, n’en pouvant tout simplement plus, elle lâche gauchement le lourd morceau à son futur époux comme un assassin balance dans un cours d'eau le lourdaud corps inerte de sa victime.
- Tu sais, chéri, j’ai été violée par mon frère.
- Hein, s’écrie le fiancé les yeux écarquillés.
- Oui, je voulais que tu le saches avant notre mariage. Mon frère m’a plusieurs fois violée.
Un instant…
Celui que Mona appelle son frère est plutôt son demi-frère. Elle a grandi au sein d’une grande famille fourmillant de demi-frères et demi-sœurs. C’est au début de l’adolescence que son demi-frère a entrepris l’exploration du fond de son string. Ça ne s’est pas passé dans un motel ni dans un champ de maïs des environs mais dans la maison familiale.
Et ce jeu maintes fois répété s'est soldé par le développement d’un fœtus. Mona s’est retrouvée enceinte de son demi-frère. Ouin, bébé se pointe. On fait quoi, là ? Il n’y a pas mille solutions…
Alertés, les parents ont vite fait d’amener Mona se faire aspirer la vie en début de gestation dans son jeune corps. Le tout a été scellé par un mot d’ordre familial : il ne s’est jamais rien passé, okay? Tous les membres du clan l’ont bien intégré. Et la vie a ainsi continué...jusqu’au jour où Mona est visitée par la tenace idée de convoler l’esprit délesté du maudit secret familial.
Embarrassé par la confidence de son amoureuse, le futur marié partage son tourment avec ses parents. Ces derniers ne passent pas par quatre chemins. Puisque rien n’est encore consommé, ils décident alors de mettre carrément fin au projet de mariage. Pas question de sceller une alliance avec une famille aux individus adeptes d’abjectes pratiques.
Et tout s’est arrêté là.
Mona, qui n’a jamais enfilée sa belle robe de mariée, s’est très bien fait varloper par le clan entier l’accusant d’avoir humilié la famille. La voilà sérieusement rabrouée par les parents et les sages, qui ne le sont pas du tout, pour avoir éventé un secret familial si bien gardé.
Mais tout ceci n’est rien à côté de la délivrance que s’est payée la victime. À un fort prix, certes. Pour toutes les victimes africaines encore emmurées, Mona, je te rends hommage. Je suis sûre que le bonheur et le futur t’accueillent à bras ouverts parce que tu as décidé de voyager légère dans la vie !
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Il y a un an, j’abordais le sujet tabou d’inceste dans les familles africaines. Une honte qu’on tait jusqu’à la tombe, quid les souffrances de la victime qui se sent emmurée dans sa tête et surtout dans sa honte.
Je veux rendre ici hommage à une de ces victimes africaines vivant au Canada qui a décidé l’an dernier de se libérer des chaînes imposées par « le clan » au nom de l’honneur familial.
Arborant fièrement la beauté de sa vingtaine, Mona (nom fictif) est plongée jusqu’au cou dans les préparatifs de son mariage. Son fiancé et elle étant tous les deux nés des parents africains hyper conservateurs, ils tiennent à traverser toutes les étapes des noces à l’africaine. À savoir en premier lieu le mariage coutumier (rencontre des deux familles en vue de la remise de la dot), vient ensuite le mariage civil (à la mairie) et enfin le mariage religieux.
Plus le jour J approche, plus notre Mona est talonnée par l’impérieux besoin de confier à son fiancé le lourd secret qu’elle traîne depuis très longtemps. Idée de commencer sa nouvelle vie débarrassée de squelettes de son sombre placard. Ça lui pend de plus en plus sur le bout de la langue. Je lui raconte, ou je me la ferme ? Craignant la réaction de son amoureux, elle ravale. Mona opte pour la souffrance en silence. Une fois de plus...
Jusqu’à ce jour où, n’en pouvant tout simplement plus, elle lâche gauchement le lourd morceau à son futur époux comme un assassin balance dans un cours d'eau le lourdaud corps inerte de sa victime.
- Tu sais, chéri, j’ai été violée par mon frère.
- Hein, s’écrie le fiancé les yeux écarquillés.
- Oui, je voulais que tu le saches avant notre mariage. Mon frère m’a plusieurs fois violée.
Un instant…
Celui que Mona appelle son frère est plutôt son demi-frère. Elle a grandi au sein d’une grande famille fourmillant de demi-frères et demi-sœurs. C’est au début de l’adolescence que son demi-frère a entrepris l’exploration du fond de son string. Ça ne s’est pas passé dans un motel ni dans un champ de maïs des environs mais dans la maison familiale.
Et ce jeu maintes fois répété s'est soldé par le développement d’un fœtus. Mona s’est retrouvée enceinte de son demi-frère. Ouin, bébé se pointe. On fait quoi, là ? Il n’y a pas mille solutions…
Alertés, les parents ont vite fait d’amener Mona se faire aspirer la vie en début de gestation dans son jeune corps. Le tout a été scellé par un mot d’ordre familial : il ne s’est jamais rien passé, okay? Tous les membres du clan l’ont bien intégré. Et la vie a ainsi continué...jusqu’au jour où Mona est visitée par la tenace idée de convoler l’esprit délesté du maudit secret familial.
Embarrassé par la confidence de son amoureuse, le futur marié partage son tourment avec ses parents. Ces derniers ne passent pas par quatre chemins. Puisque rien n’est encore consommé, ils décident alors de mettre carrément fin au projet de mariage. Pas question de sceller une alliance avec une famille aux individus adeptes d’abjectes pratiques.
Et tout s’est arrêté là.
Mona, qui n’a jamais enfilée sa belle robe de mariée, s’est très bien fait varloper par le clan entier l’accusant d’avoir humilié la famille. La voilà sérieusement rabrouée par les parents et les sages, qui ne le sont pas du tout, pour avoir éventé un secret familial si bien gardé.
Mais tout ceci n’est rien à côté de la délivrance que s’est payée la victime. À un fort prix, certes. Pour toutes les victimes africaines encore emmurées, Mona, je te rends hommage. Je suis sûre que le bonheur et le futur t’accueillent à bras ouverts parce que tu as décidé de voyager légère dans la vie !
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