« Si un individu s’expose avec sincérité, tout le monde, plus ou moins, se trouve mis en jeu. Impossible de faire la lumière sur sa vie sans éclairer, ici ou là, celles des autres »
Simone de Beauvoir – La force de l’âge
« L’information est le seul bien qu’on puisse donner à quelqu’un sans s'en déposséder. »
Thomas Jefferson,
l’un des rédacteurs de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis,

De l'esprit des lois (1748)

Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
Charles de Secondat, baron de Montesquieu

15 septembre 1993

15/ Dans le viols par inceste, l'emprise par le regard par l'Auteure obligatoirement anonyme

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Le premier des problèmes auxquels je me suis attaquée fut cette impossibilité de me donner, une importance propre. Les autres sont toujours plus importants que moi.
J'ai pu ainsi devenir une nouvelle compagne qui partageait sa vie, son travail, ses habitudes de vie, ses amis. Mais je n'avais pas d'identité propre, je n'étais capable non plus d'affirmer mon vouloir vivre autrement.
Cette situation se reproduisait non seulement dans ma vie affective mais aussi dans ma vie professionnelle. Lorsqu'on n'a pas d'identité propre, de marge d'action, d'air pour respirer, au bout d'un certain temps, on étouffe et on s'en va.
Cette incapacité d'occuper un espace vital qui nous appartient vient du rituel de l'interdit que le regard hypnotique du père faisait respecter. Ce regard… Il est toujours là… d'autres l'ont aussi. Tout abus de pouvoir, si minime soit-il, nous paralyse parce que nous retrouvons ce regard hypnotique qui nous fige et nous culpabilise. Le regard de l'Autre est d'une importance démesurée même si nous n'en avons pas forcément conscience. Nous avons perdu la réalité de son expression, alors tout regard qui n'est pas vraiment gentil est une attaque qui déclenche notre culpabilité.
Cette culpabilité s'exprime également dans cette façon de vouloir toujours tout prendre en charge, tout arranger. Je sais que, pour ma part, ma famille m'a bien fait entendre que j'étais la fille aînée et que je devais donner le bon exemple, j'avais cette responsabilité. J'insiste là-dessus, car ce n'est pas du tout insignifiant, cela explique pourquoi la seconde et la troisième fille d'une famille ne réagissent pas, devant les viols, de la même façon. Cette culpabilité est devenue plus forte et différente lorsque j'ai réalisé que ma sœur a pu les arrêter, pas moi. Il était trop tard.
Culpabilité insurmontable, sans issue, et cette charité chrétienne dans laquelle j'ai été élevée pour me racheter ; elle a bien contribué à m'assurer que je devais aider les autres, être bonne, quitte à me laisser envahir, étouffer de nouveau, me culpabilisant encore.

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