« Si un individu s’expose avec sincérité, tout le monde, plus ou moins, se trouve mis en jeu. Impossible de faire la lumière sur sa vie sans éclairer, ici ou là, celles des autres »
Simone de Beauvoir – La force de l’âge
« L’information est le seul bien qu’on puisse donner à quelqu’un sans s'en déposséder. »
Thomas Jefferson,
l’un des rédacteurs de la Déclaration d'Indépendance des États-Unis,

De l'esprit des lois (1748)

Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires.
Charles de Secondat, baron de Montesquieu

23 octobre 2002

Conséquences psychique de la prostitution par Judith Trinquart

article publié le 23/10/2002
auteur-e(s) : Trinquart Judith

Les notions fondamentales en matière de sexualité sont celles de désir, de plaisir et de partage, conséquent de la bilatéralité de la relation. Dans la situation prostitutionnelle, ces notions se trouvent complètement perverties, et la notion de bilatéralité de l’échange disparaît totalement. La situation prostitutionnelle n’est donc pas un échange ou une relation à caractère humain, pas plus qu’une forme de sexualité.

Le fait de subir ces rapports sexuels de manière répétitive et non désirée entraîne une dissociation psychique afin de pouvoir départager les deux univers de la personne, et surtout protéger le domaine privé des atteintes vécues dans le domaine prostitutionnel en se coupant de ce qui est éprouvé dans ce dernier. Celui-ci est totalement factice : c’est une situation simulant une relation humaine mais où tout est artificiel ; les sentiments et les émotions n’existent pas, ils sont refoulés car considérés comme des obstacles par l’acheteur de services sexuels.

L’absence de tout affect humain (autre que négatif, tel que mépris de la personnalité, déni de ses désirs, ignorance de son identité humaine, assimilation à un objet sexuel totalement soumis, en résumé tout ce qui fait le caractère humain unique d’une personne est nié et doit disparaître au bénéfice du rapport strictement commercial) est extrêmement destructeur pour toute personne vivant cette situation.

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21 octobre 2002

Film - Ken Park de de Larry Clark et Ed Lachman - 2002

avec Tiffany Limos, Stephen Jasso, James Ransone

par Serge Kaganski des Inrocks
Un regard à hauteur d'homme sur l'hypocrisie morale et la deshérence spirituelle de l'Amérique.
Ken Park n'est pas le nom d'un quartier, mais celui d'un adolescent qui se tire un jour une balle dans la tête, a priori sans raison valable de se suicider.
Le film ne va pas enquêter sur les motifs de ce suicide, mais dresser une sorte d'état des lieux au quotidien du quartier où vivait Ken Park, le genre d'enfer soft suintant l'ennui au point de pousser les moins solides à se flinguer.
Larry Clark s'attache plus particulièrement à suivre les journées de trois garçons et d'une jeune fille du coin. Ce qui est nouveau par rapport à Kids ou à Bully, c'est que l'on passe également du temps avec les parents de ces ados.
L'un des gars a des relations sexuelles avec la mère de sa petite copine.
Le deuxième gars est l'objet d'une pulsion de haine et de désir de la part de son père : quand celui-ci n'humilie pas son rejeton, il essaie de le peloter.
Le troisième est un solitaire, misanthrope et violent, qui ne supporte plus d'habiter avec ses grands-parents. Quand à la fille, elle est une fille modèle pour son religieux de père, une baiseuse inventive et passionnée pour son boyfriend. Quand le père les surprend au lit, il explose. Il est jaloux car sa fille ressemble tant à son épouse défunte qu'il en est amoureux.
Inceste à tous les étages, qu'il soit réel, symbolique ou fantasmatique. Ce que montrent Larry Clark et Ed Lachman, c'est que si la jeunesse est comme elle est (inculte, glandeuse, dépressive, suicidaire, en déshérence), c'est avant tout la faute aux parents, particulièrement aux pères.
Les jeunes sont le produit du monde que leur ont façonné leurs aînés. Et il y a en Amérique un mal, une faillite spirituelle, qui se transmet de génération en génération.

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2 octobre 2002

2/ Viol et réactions génitales et sexuelles par Catherine Morbois & Marie-France Casalis

Page 25
Pendant l'agression sexuelle, la victime peut éprou
ver des réactions mécaniques dans la zone génitale. 

Ces réflexes ne témoignent pas d'un plaisir sexuel en 
ce sens qu'ils sont des réactions physiologiques réflexes. 
Pour celles des victimes qui les ont éprouvés ils aggravent souvent son sentiment de culpabilité.
Ces réactions provoquent fréquemment des conséquences 
difficiles dans son rapport à son propre sexe et dans ses 
relations sexuelles avec l'autre.
Ayant été trahie par les 
réactions les plus intimes de son corps, il lui devient 
parfois difficile, dans un rapport sexuel désiré, de laisser venir la sensation de l'orgasme.
De plus, quand 
l'agresseur cherche à obtenir cette réaction mécanique 
que la femme violée ressent à son corps défendant, 
cela s'inscrit dans une stratégie pour leurrer la victime, 
comme l'auteur, sur la réalité de l'agression en faisant 
accroire que réaction sexuelle de plaisir signifie consentement. L'agresseur exploitera cette réaction pour 
s'innocenter.
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Autres billets sur L'aide aux femmes victimes de viol
1/ L'aide aux femmes victimes de viol par Catherine Morbois & Marie-France Casalis
3/ La question du consentement par Nicole-Claude Mathieu
4/ Les groupes de paroles selon Marie-France Casalis
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3/ La question du consentement par Nicole-Claude Mathieu

Page 27
Présente dans la conscience, la violence sexiste n'a donc pas besoin de s'exercer de façon exacerbée au quotidien : son existence suffit à assujettir les femmes éduquées à la redouter et à tenter de l'éviter. C'est en ce sens que Nicole-Claude Mathieu évoque la question du consentement et expose comment « céder n'est pas consentir » (in La Conscience dominée des déterminants matériels et psychiques de la conscience dominée des femmes).
Autour de ces notions de consentement et non-consentement le débat sera conflictuel entre l'auteur des faits et la victime lorsque ce violeur comparaîtra devant la justice.

http://radio.indymedia.org/uploads/DegenreE_Quand_ceder_nest_pas_consentir_19_11_2007.mp3
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http://jesuisvenuemechangerenpierre.over-blog.fr/article-quand-ceder-n-est-pas-consentir-nicole-claude-mathieu-44050780.html
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Autres billets sur L'aide aux femmes victimes de viol
1/ L'aide aux femmes victimes de viol par Catherine Morbois & Marie-France Casalis
2/ Viol et réactions génitales et sexuelles
4/ Les groupes de paroles selon Marie-France Casalis
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12 juillet 2002

Place du médecin dans la victimologie : perspective historique, épistémologique et éthique par Christian Hervé et Irène Purselle-François

Hervé Christian ; Pursell-François Irène
Etudes et Synthèses - 2002

La mission première du médecin, que l'on se réfère à Hippocrate ou aux textes bibliques, ne consiste pas uniquement dans le devoir de soigner, mais comporte un devoir d'assistance aux plus faibles et aux blessés. Cette assistance se doit d'être humaine, humaniste autant que technique, ce que traduit la notion moderne de « prise en charge globale » de la personne.
La récente loi française relative « aux droits des malades et à la qualité du système de santé » affirme avant tout les droits des personnes, puis ceux de la « personne malade ». Ceci témoigne d'une volonté que l'approche médicale soit celle d'une personne, avec une histoire, un vécu, des attentes, des rêves, des possibilités et des limites, et pour qui la maladie vient interférer avec un projet de vie. Cette approche devrait concerner de manière égale toutes les personnes, que leur demande auprès du médecin soit due à une maladie, une situation de souffrance dont les causes sont sociales, ou à la fois médicales, juridiques et sociales, comme cela est le cas pour les personnes victimes d'une agression.


Au-delà des discours théoriques ou d'intention, la place du médecin auprès des victimes n'a pas toujours été et n'est pas toujours en harmonie avec les principes énoncés ci-dessus, et des enjeux capitaux se présentent au corps médical : à travers la reconnaissance de la place du médecin auprès des victimes, c'est le la place d'acteur social du médecin qui est en cause, via sa capacité à élaborer un discours qui, par sa position privilégié d'acteur de la construction de la personne lui permettra, ou non, de devenir un acteur moteur de la victimologie, qu'il n'a pas su être jusqu'à présent, ainsi que nous le montre l'approche historique et épistémologique que nous proposons ici.

.../...

Approche épistémologique

Nous avons étudié ce qu'il en est du discours du médecin au sein des différentes références victimologiques.
Nous ne pouvons que constater que, si les médecins ont largement contribué à fonder la criminologie à partir de leur savoir et de leur implication dans la vie politique du 19° siècle ils ne sont venus que tardivement à la victimologie en tant que telle. L'histoire des troubles psychiques post traumatiques ne se superpose pas, en fait, avec celle de la victimologie. On pourrait parler de rencontre entre deux approches.

La victimologie est en effet née dans le champ de la sociologie : la victime était l'objet du crime, ou du criminel, et les premières décennies de cette nouvelle science furent sociologiques et juridiques . L'idée des premiers auteurs était très libérale : la prévention du fait criminel ne pouvait être complète que si l'on s'intéresse à ce qui est l'objet du crime. Il apparaissait alors que certaines personnes étaient plus exposées que d'autres aux agressions de toutes sortes, et l'on a même parlé de « récidive victimaire » à propos de personnes plusieurs fois victimes d'agressions. L'étude de la victimologie devait donc permettre aux personnes exposées de ne pas devenir victimes, ou de ne pas récidiver « dans cet état ».C'était la notion de « couple pénal », constitué de l'auteur d'infraction et de sa victime. Cette notion, mal comprise ou détournée de son but, avait conduit à culpabiliser des victimes, notamment dans les cas d'agressions sexuelles. C'est contre ce concept que les associations, notamment féministes, se sont élevées dans les années soixante, marquant le début d'une victimologie fondée sur la quête de la reconnaissance de la victime en tant que personnes, dans un contexte militant, associatif.
Aucune publication médicale ne vient interférer dans ces discours. Les seuls travaux que l'on peut rapprocher de la victimologie concernent les troubles psychiques post-traumatiques . Il est à noter que ceux ci ont surtout intéressé les légistes et les médecins du travail, en raison des problèmes d'imputabilité et d'indemnisation qu'ils posaient. Longtemps, la psychanalyse a considéré que les troubles psychiques après une agression étaient la réactualisation de traumatismes plus anciens. Ce n'est que depuis les années 1990, sous l'impulsion des médecins militaires, que la réalité du traumatisme dans la genèse des troubles a été affirmée. Actuellement, victimologie rime, pour de nombreux médecins, avec troubles psycho traumatiques.
L'enseignement de la victimologie pour les médecins, mis en place à Paris V en 1993, est orienté principalement vers les questions de réparation juridique et vers les troubles psycho-traumatiques.
On ne peut que constater que la victimologie en tant que discipline s'est constituée sans le discours médical, lequel apparaît comme à la remorque du discours social et juridique, et limitant l'intervention du corps médical à l'après coup, au constat et aux soins, sans s'autoriser un véritable discours sur la vulnérabilité, les possibilités de prévention, un accompagnement plus humain et moins psychiatrisé.

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